Article de Richard Magaldi-Trichet
Forget me not…
En anglais « ne m’oublie pas » est le nom d’une fleur, le myosotis. Peter Brook et Marie-Hélène Estienne s’intéressent à ces associations spontanées de la mémoire mêlant des images différentes, définies par la science sous le nom de synesthésie. Les deux dramaturges s’approprient le concept pour une fois de plus nous faire découvrir de merveilleux territoires inconnus, où se mêlent l’ordinaire et l’extraordinaire.
© Pascal Victrartcomart
Cette vallée de l’étonnement où nous mènent trois comédiens et un musicien nous fait parcourir les méandres de la mémoire. Illustrant le grand poème persan La Conférence des Oiseaux de Farid Al-Din Attar, ce voyage nous introduit dans la vie secrète de personnes qui vivent des expériences très intenses. Peter Brook s’est déjà intéressé à ces phénomènes neuropsychologiques, notamment avec L’homme qui, basé sur les travaux d’Oliver Sacks. En grand magicien du théâtre, il nous présente ici un spectacle tout en poésie, délicatesse et surprise. Comme d’habitude il s’est entouré de comédiens remarquables : Kathryn Hunter, Marcello Magni et Pitcho Womba Konga.
© Pascal Victrartcomart
Tous trois, accompagnés au piano de Raphaël Chambouvet, nous font vivre une expérience anti-cathartique. Nous ressortons, non pas purgés de nos angoisses, mais remplis de leurs formidables émotions. Et nous restons ébahis et figés devant le gouffre d’une mémoire qui ne connaît pas l’oubli.
The Valley of Astonishment
texte et mise en scène de Peter Brook et Marie-Hélène Estienne
Avec Kathryn Hunter, Marcello Magni, Pitcho Womba-Konga
Musicien Raphaël Chambouret
Lumières Philippe Vialatte
Réalisation des éléments scéniques Arthur Franc
Assistante costumes Alice François
jusqu’au 23 décembre 2016
Théâtre des Bouffes du Nord
37 bis Boulevard de la Chapelle
75010 Paris