« THÉORÈME/JE ME SENS UN COEUR À AIMER TOUTE LA TERRE », Après Pasolini, Adjina perturbe la famille bourgeoise…

Aux éditions Actes Sud-Papiers paraît cette pièce Théorème / Je me sens un coeur à aimer toute la terre de Amine Adjina librement inspirée du film de Pasolini. Elle a été créée à la Comédie Française (Vieux Colombier) en avril 2023 dans une mise en scène de l’auteur.

Un prologue, trois parties, un épilogue composent le texte. Les personnages :
Le garçon
Nour
Le Père
La Mère
La Grand-Mère
La Fille
Le Fils
Le prologue et l’épilogue sont dévolus au garçon, celui-là même qui apporte la perturbation dans la famille. Comme dans le film, sa figure oscille entre ange et démon. Et puisqu’il a ce rôle, ces rôles, il a les mots pour commenter. Son verbe est poétique, ce qui atténue son côté sulfureux. Souviens-toi que ce qui est dehors est aussi dedans annonce-t-il. Souviens-toi, et que rien ne meure, conclut-il.

La grand-mère est une personne âgée dépendante. C’est elle qui fait entrer le garçon dans la maison. Elle est assistée par Nour, jeune fille du peuple qui succède à sa propre mère dans cet emploi. Elle est sensible, inculte, bien sûr, mais pas idiote, au contraire. Comme le garçon, elle sert un peu de révélateur.
Le père se voudrait patriarche et tout-puissant, mais il ne règne sur rien. Il est contesté aussi bien par sa mère que par son épouse et ses enfants. Ne lui reste qu’un espoir : voter à l’extrême droite qui prône le retour de l’autorité.
La mère est une insatisfaite. Elle a des relations détestables avec sa belle-mère, avec son mari, Et ce n’est guère mieux avec ses enfants qu’elle ne comprend pas.
Le fils se rêve cinéaste. Il filme sans cesse tout et surtout tous ses proches, un peu comme Alain Cavalier.

La fille veut être comédienne. Elle apprend le rôle d’Elvire dans Don Juan, personnage qu’elle ne comprend pas vraiment, sauf quand Nour la fait répéter …

Le Garçon va donc intervenir dans toutes ces vies et surtout amener les protagonistes à se dévoiler, à se questionner et qui sait ? à prendre un chemin inattendu, sauf la vieille dame qui mourra, dans son sommeil, radieuse comme une sainte. Heureuse sans doute d’avoir occasionné un tumulte salutaire dans sa famille.

La langue est belle, les caractères actualisés par rapport à ceux du film, à la fois plus cyniques et plus fragiles. Nour, qui représente le peuple, et qui évoluera d’une manière inattendue, est un personnage très attachant et le garçon a une sorte de légèreté qui contraste avec la lourdeur des bourgeois de la famille.

Informations pratiques

Auteur(s)
Amine Adjina

Prix
15 euros

Éditions Actes Sud
www.actes-sud.fr