« TOSCA – OPÉRA EN PLEIN AIR 19ème édition » L’œuvre de Puccini mise en scène par Agnès Jaoui

Tosca – Festival « Opéra en Plein Air » © Teresa Suarez

À la belle saison depuis 2001, le Festival « Opéra en Plein Air » propose de découvrir une grande œuvre du répertoire lyrique dans des sites historiques prestigieux. Une nouvelle création est confiée chaque année à une personnalité mélomane qui sort de sa discipline et met son talent au service de cet art ancestral parfois jugé inaccessible. Né à Florence à la fin du XVIème siècle, l’opéra est périodiquement au long de son histoire, le théâtre d’enjeux politiques, à la fois miroir et vitrine du pouvoir. Installé au sein des cours, l’opéra va pourtant en Italie devenir en quelques décennies accessible à tous dans des salles publiques. Quelques œuvres l’ont rendu populaire : Carmen, La Traviata qui ont bien sûr été jouées au Festival, mises en scène respectivement par Radu Milhaileanu en 2018 et Arielle Dombasle en 2015. Francis Huster, Julie Depardieu, Élie Chouraqui, Alain Sachs,… ont eu aussi leur saison de création. Pour cette 19ème édition la comédienne et cinéaste Agnès Jaoui met en scène Tosca, opéra en trois actes du célèbre compositeur Giacomo Puccini. Ce dernier conquis par la pièce de Victorien Sardou riche en coups de théâtre et rebondissements et portée par la divine Sarah Bernhardt, décide d’en faire un mélodrame avec pour toile de fond la bataille de Marengo. Accompagné par Guiseppe Giacosa et Luigi Illica, librettistes de La Bohème qu’il finit d’achever, il resserre ce drame en trois actes qui se déroulent en temps réel dans des lieux existants. Pourtant la première représentation de Tosca à Rome en janvier 1900 avait été très controversée en raison du contexte historique et de la violence de l’intrigue. Dans une atmosphère très tendue et face à la montée révolutionnaire en Italie, la monarchie est mise à mal et la défaite des Impériaux face à Napoléon Bonaparte écorne l’image du pouvoir. Là encore, l’histoire d’amour tragique devient si populaire qu’elle traverse le temps.

Rome, juin 1800, la scène se passe devant l’église Sant’Andrea della Valle. Le décor naturel de la Sainte-Chapelle de Vincennes en toile de fond renforce ce tableau majestueux ajoutant du charme et un réalisme déjà bien ancré. Cesare Angelotti, prisonnier politique en fuite prie au pied de la statue de la Madone tandis que résonne le son de la « cloche de l’angélus » accompagné du chant « Angelus Dominici ». L’ancien Consul se refuge dans ce lieu où il obtient la protection du peintre Mario Cavaradossi qui le cache à l’arrivée de son amante Floria Tosca mais la belle dévorée par la jalousie épie l’artiste à l’œuvre et va entraîner sa perte. Le tableau sur lequel il travaille et le grand écran du fond servent de projection de vidéos et d’images entre réalité et fiction, exaltant les sentiments et créant un autre rapport avec l’action. Ici le peintre a choisi un autre modèle que Tosca mais sa présence si forte et sa volonté font apparaître son portrait sur l’écran. Une façon aussi de souligner le récit en lui donnant une autre dimension. L’usage de ce procédé doit être fait avec soin. Il est justifié dans certaines scènes comme celles accompagnant Tosca et recentrée sur le moment du drame sanglant au 2ème Acte mais parfois il se révèle inutile.

En pénétrant dans l’enceinte du Château de Vincennes aux façades rénovées, le spectateur traverse un haut lieu d’Histoire symbole du pouvoir royal et de protection contre les invasions au 19ème. Le monument national se conjugue étonnamment à cette fiction inscrite dans l’Histoire.
Le chef de la police Scarpia, amoureux de Tosca convoque la belle au Palais Farnèse. Celle-ci ne fait que montrer son amour pour Cavaradossi ce qui augmente le courroux de Scarpia qui referme son piège pour séparer les deux amants. Scarpia est véritablement un moteur dans cette intrigue.
À noter le passage touchant de Tosca « Vissi d’arte, vissi d’amore, nao feci mai male ad anima viva » (j’ai vécu pour l’art, j’ai vécu pour l’amour, sans faire de mal à âme qui vive). À quel prix est la liberté ? demande Tosca. Ces propos présagent de l’issue fatale et font écho au chant de liberté qu’entonne Cavaradossi à l’annonce de la victoire de Napoléon. Cet Opéra est en lui-même annonciateur d’une nouvelle ère politique. Ce sont les dernières volontés d’un condamné. Le duo Tosca – Cavaradossi fonctionne très bien. Ainsi les sentiments se livrent aussi avec un réalisme qui là encore est le secret de réussite de la pièce. La distribution est aussi remarquable et la mise en place réussie présente de magnifiques ensembles sur le plateau.

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Tosca – Festival « Opéra en Plein Air » © Teresa Suarez

Le concept original de ce festival vise à attirer de nouveaux publics et en particulier les plus jeunes. Pour la première fois cette année, une initiation à l’opéra est proposée à travers Piccola Tosca. Philippe Bonhomme, auteur et interprète belge l’adapte sous forme de conte en respectant la trame du livret et offre un seul en scène plein d’humour, grâce à des personnages clownesques, un rythme dynamique et en « traduisant » les passages les plus tragiques. Une offre junior attractive pour petits et grands afin de comprendre l’histoire, une introduction pour apprécier l’opéra. Conte à découvrir tous les samedis de spectacle. Dimanche 8 septembre soirée caritative au profit de la lutte contre le cancer

Informations pratiques

Festival « Opéra en Plein Air » 19ème édition
du 14 juin au 8 septembre 2019


PICCOLA TOSCA – 1ère édition Offre Junior tous les samedis de spectacle à 16h

Auteur(s)
Giacomo Puccini sur un livret de Guiseppe Giacosa et Luigi Illica

Mise en scène
Agnès Jaoui
Direction musicale
Yannis Pouspourikas

Avec
Tosca, Célèbre Cantatrice en alternance : Deniz Yetim du 14 au 28 juin Ewa Vesin du 29 juin au 6 juillet puis le 5 et 7 septembre Karine Babajanyan le 4, 6 et 8 septembre
Cavaradossi, Peintre en alternance : Paolo Scariano du 15 juin au 6 juillet puis le 4, 6 et 8 septembre Christophe Berry le 5 et 7 septembre
Scarpia, Chef de la police Jean-Luc Ballestra
Angelotti, prisonnier politique Javid Samadov
Sacristain Yuri Kissin
Spoletta, Policier Romain Pascal
Scarrione, Gendarme Piotr Kumon

Dramaturgie Guy Zilberstein
Scénographie Philippe Miesch
Création costumes Pierre-Jean Larroque
Chorégraphie Glyslein Lefever
Création Lumières Jacques Rouveyrollis
Création Vidéo Marilor
Collaboratrice artistique Stéphanie Froeliger

Premier violon / Music Booking Orchestra Anne Gravoin
Maîtrise des Hauts-de-Seine / Unikanti Gaël Darchen

Dates
14 et 15 juin au Domaine de Sceaux (92)
28 et 29 juin 2019 Château de Vincennes (94)
2 juillet 2019 Cité de Carcassonne (11)
5 et 6 juillet 2019 Domaine National de Saint-Germain-En-Laye (78)
Les 4, 5, 6, 7 et 8* septembre à l’Hôtel National des Invalides (75)
* soirée au profit de la lutte contre le cancer

Durée
2h30

Adresse
Opéra-Comique
1, Place Boieldieu
75002 Paris

Informations complémentaires
www.operaenpleinair.com