« Tristan », de Eric Vigner au Théâtre de Gennevilliers.

Un article de Marianne Griffon

 

Tristan si triste.

 

© Jean-Louis Fernandez

Avec Tristan, Eric Vigner signe un texte où le mythe de Tristan et Iseult trouve un renouveau.

Sans jamais le définir dans une époque, il en fait une histoire empreinte de contemporanéité et de problématiques actuelles.

Face à de grands panneaux descendant des cintres, nous plongeons dans des univers symboliques. Ces panneaux, oeuvres mouvantes, contribuent à cette abstraction de l’espace et du temps. Ils participent à l’évocation de la nature et de sa beauté et nous plongent dans le microcosme du Tristan de Vigner, abstrait et multiple.

Le texte, composite, vient questionner la brutalité du monde, le silence face à cette brutalité, « Tristan se tait », face aux attentats, face aux migrants traversant la mer dans une barque sans voile ni rame, face aux enfants enlevés par le Morholt, face aux jeux de pouvoir, face à la place de la Femme. Tout est dit, tout est abordé, l’air de rien, par détours. Et cette transposition du quotidien médiatique dans une langue poétique, dans un récit mythique, n’en est que plus poignante, plus percutante.

Les mythes de l’amour impossible sont évoqués, pris à parti, comme Othello et Desdémone, Roméo et Juliette dont la seule issue se trouve dans la mort. « Pas de repos pour les amants sur cette terre ».

Ce texte vif, incisif, en différentes langues, est porté par une équipe de jeunes comédien(ne)s. Ils sont sept et nous racontent ce mythe avec fougue et vigueur, tendresse et désespoir.

Comment croire encore à l’amour dans ce monde si violent ? Où trouver les petites choses, les petits riens, quand l’ordre établi du monde doit continuer à tourner malgré tout ?

Peut-on réinventer l’histoire ? Changer le cours du destin ? Entre illusions et désillusions, peut-on envisager aujourd’hui une autre fin pour Tristan et Iseult ?

Il semblerait que non. Il semblerait que la barbarie des hommes soit toujours aussi grande. « Il est trop tard. Il est trop tard. »nous dit Tristan.

© Jean-Louis Fernandez


Tristan 

Texte, mise en scène Eric Vigner

Avec Bénédicte Cerutti, Matthias Hejnar, Alexandre Ruby, Jules Sagot, Zoé Schellenberg, Isaïe Sultan,Mathurin Voltz 

Décor, costumes Eric Vigner
Collaboration artistique Olivier Dhénin, Jutta Johanna Weiss Lumières Kelig Le Bars Son John Kaced Atelier costumes Anne-Céline Hardouin
Assistée de Emmanuelle Dessoude, Laëtitia Guinchard, Carole Martinière
Accessoires costumes Robin Husband
Maquillage, coiffure Anne Binois
Assistant à la mise en scène Olivier Dhénin
Assistant au décor, accessoiriste Vivien Simon 

 

Du 21 au 26 février 2017

 

Théâtre de Gennevilliers 
41 avenue des Grésillons
92230 Gennevilliers

 

http://www.theatre2gennevilliers.com