« Ubu roi », d’Alfred Jarry, mise en scène Antonio Diaz-Florian au Théâtre de l’Epée de Bois

Article d’Ondine Bérenger

Voyage dans les ombres du rêve

Le Père Ubu, officier polonais manipulé par sa femme, assassine le roi Venceslas et prend le pouvoir. Roi avide et absurdement tyrannique, il sera lui-même renversé par Bougrelas, fils de l’ancien roi, et contraint de fuir son pays.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la petite troupe d’Antonio Diaz-Florian sait recevoir : les comédiens nous accueillent dès l’arrivée au théâtre avec un verre de vin et un bol de soupe à l’oignon, tâchant de nous persuader qu’il fait grand froid dehors… et nous voici d’ores et déjà transportés dans un ailleurs fantasmé.

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La petite salle de bois intimiste du théâtre est, à elle seule, un décor fort bien choisi. Il n’y sera ajouté que quelques cageots de bouteille de vin, et surtout, un grand drap tendu où se projettent des ombres tout au long de la représentation, séparant les corps physiques de l’imaginaire. Une telle économie de moyens ferait presque songer à un théâtre de tréteaux mené par des amateurs passionnés. Pourtant, s’il est bien une chose qu’on retiendra de la représentation, c’est assurément le professionnalisme de tous les comédiens, qui incarnent leurs rôles avec une authenticité impressionnante : en particulier, Antonio Diaz-Florian et Graziella Lacagnina semblent réellement être Père et Mère Ubu.

Par ailleurs, la troupe joue énormément sur l’apparente simplicité de ses moyens pour pousser la pièce aux confins du grotesque, du comique, de l’absurde. Tout ici n’est que fantasme, projection, gigantesque farce, un jeu auquel chacun se prend pour donner, finalement, le plus fort et le plus juste de lui-même.

On rit de très bon cœur, et l’on apprécie la fraîcheur du voyage.

 

 

Ubu Roi

d’Alfred Jarry

adaptation et mise en scène Antonio Diaz-Florian

avec Antonio Diaz-florian, Emmanuel Georges, Graziella Lacagnina, Mario Lopez et Carola Urioste

Costumes Abel Alba

Dispositif scénique David Leon

Lumières Quique Peña

Direction technique Miquel Meireles

Coseller Scénographie Jean-Marie Eichert

 

du 12 septembre au 19 décembre

 

Théâtre de l’Epée de Bois

Cartoucherie

Route du Champ de Manœuvre

75012 Paris

http://www.epeedebois.com/