Article d’Ondine Bérenger
Enchantement lyrique
Titania et Obéron, roi et reine de la forêt, se disputent au sujet de la garde d’un jeune enfant. À Athènes, Héléna aime Démétrius qui est lui-même promis à Hermia, cette dernière aimant et étant aimée de Lysandre. Fuyant et se poursuivant mutuellement, les quatre jeunes gens se perdent, une nuit durant, dans cette forêt peuplée de fées et d’esprits. Par les tours d’Obéron et la maladresse de Puck, son sbire, s’enchaînent alors les quiproquos et les disputes.
© Agathe Poupeney
Dans cette nouvelle adaptation de la très célèbre pièce de Shakespeare, le choix est fait de tisser les mots du poète à la musique du semi-opéra de Purcell, the Fairy Queen. Il en résulte une atmosphère lyrique enchanteresse qui transporte le spectateur au cœur de cette forêt mystique où se nouent et dénouent les intrigues amoureuses des protagonistes, comme dans un rêve étrange. L’utilisation d’instruments anciens (théorbe et guitare baroque) achève de conférer à cette mise en scène un cachet certain. La scénographie moderne, pratique et évocatrice (employant de simples panneaux de métal ajourés de motifs de feuilles, derrière lesquels chacun peut aisément se perdre ou se cacher) ainsi que de somptueux costumes minutieusement élaborés, dignes des plus grandes salles parisiennes, participent largement à donner vie à cet univers magique qui prend corps sur scène.
© Agathe Poupeney
Ainsi, Antoine Herbez parvient à créer une comédie légère et enivrante, à la fois émouvante et drôle. Point de lecture philosophique ou métaphysique poussée de l’œuvre, tout tient à l’enchantement qu’elle peut procurer, allant de cascades chorégraphiées en berceuses. Malgré un jeu comique parfois un peu exagéré, les comédiens sont tous captivants dans leurs rôles, et se trouvent être d’excellents chanteurs. En particulier, l’imposant Maxime de Toledo séduit et fascine par la prestance exceptionnelle dont il fait preuve en tant qu’Obéron, soutenue par la surprise de ses quelques tours de magie bien placés. À ses côtés, Orianne Moretti met toute la grâce de sa gestuelle et la clarté de sa voix au service de la reine Titania : un véritable couple royal. Enfin, on relèvera avec plaisir la performance de Francisco Gil dans le rôle de Puck, particulièrement réussie. Excellent en chant autant qu’en art dramatique, ce lutin maladroit rythme la pièce avec brio.
Une adaptation lumineuse et enchanteresse qui invite à rêver.
Un songe d’une nuit d’été
d’après Shakespeare/Purcell
Adaptation Wajdi Lahami
Mise en scène Antoine Herbez
Direction musicale Didier Benetti
Avec Laetitia Ayrès, Ariane Brousse, Victorien Disse, Jules Dousset, Francisco Gil, Ivan Herbez, Orianne Moretti, Alice Picaud, Marie Salvat, Maxime de Toledo
Les musiciens Victorien Disse, Alice Picaud, Marie Salvat
Scènographie Charlotte Villermet
Costumes Madeleine Lhopitallier
Lumières Fouad Souaker
Chorégraphie Claire Faurot
Magie Nicolas Audouze
Chef de chant Ernestine Bluteau
Assistant Laury André
du 18 mai au 1er juillet
Théâtre 14
20 avenue Marc Sangnier
75014 Paris