Au Monfort, dans la grande salle, il y a actuellement la possibilité d’assister à une expérience nouvelle. Il s’agit de la dernière création de la Cie Anomalies &…, composées d’artistes diversifiés, formés au cirque, au clown, à la danse, au théâtre. Il s’agit de Dans le Ventre de la Ballerine, qui frappera cette fois les esprits par le corps. Ou même par l’esprit du corps.
Tout commence par la fin. Celle du spectacle que l’on viendrait hypothétiquement de voir. Une conférence sur le travail à travers le corps vers la création. Et c’est là que c’est beau : prendre un spectateur pour l’emmener à travers un corps devient une création. Tout ce qui est connu comme un théâtre entraîne dans l’inconnu du corps lui-même. On va découvrir ce qu’on croyait connaître d’une toute autre manière.
La Cie Anomalies &… propose ici une expérience d’observation métaphorique du corps humain. N’y allez pas faire vos études de médecines ! En revanche, le cirque et la danse leur permettent de recréer visuellement des fonctionnements instinctifs intérieurs : une sensation de soif, de fièvre, de défense corporelle, etc… avec une précision et une accessibilité bien plus grande que n’importe quelle conférence médicale.
© Christophe Raynaud De Lage
Les interprètes de Dans le Ventre de la Ballerine sont autant danseurs qu’acrobates ou comédiens, voire même bruiteurs en direct. Ils utilisent la parfaite maîtrise qu’ils ont de leurs propres corps pour nous entraîner dans une féérie post-moderne ou toutes ces disciplines se mêlent. Non contents de ce mélange, le spectacle intègre à part entière les sept techniciens qui les accompagnent. Le déferlement technique qui est donné à voir se marie parfaitement avec les performances des interprètes. D’une beauté époustouflante, les différents effets lumineux, scéniques ou sonores renforcent l’immersion du spectateur, qui devient finalement absolue. Les huit personnes présentes sur scène jouent avec tous les instruments de technique, les murs, les installations du théâtre, en bref, avec le théâtre lui-même. Et par delà le côté concret, ils jonglent avec les émotions, se laissant tous les droits d’être drôles, sérieux, impressionnants, touchants, ou juste beaux.
Bien que toute cette abondance de performances et de technique pourrait laisser à penser qu’elle étouffe la parole portée par cette création, la dramaturgie est d’une clarté totale, lie tout de façon fluide, et ils ne s’écartent jamais de leur propos. L’évolution est évidente, mais imprévisible. On ne peut pas se perdre, hormis en soi-même. Le « Γνώθι Σεαυτόν » (Gnothi Seauton), “connais- toi toi-même”, inscrit sur le temple de Delphes, prend avec eux tout son sens.
La fin d’un spectacle constitue souvent son apogée. Ce qui est bien avec un spectacle qui commence par la fin, c’est qu’il y reste tout le long.
Si vous n’êtes pas médecin, et puis même si vous l’étiez, une expérience à vivre sans tarder.
Informations pratiques
Mise en scène
Jean-Benoît Mollet
Avec
Jörg Müller, Sarah Cosset, Chiharu Mamiya, Fabrice Scott, Laurent Pareti, Olivier Gauducheau, Delphine Lanson, Jean-Benoît Mollet
Dates
Du 6 au 17 juin 2017
Durée
1h20
Adresse
Le Monfort
106, rue Brancion 75015 Paris