"VIA INJABULO" : Un bonbon explosif, pour exprimer la lutte et la joie

Via Injabulo de la Compagnie Via Katlehong Dance © Pedro Sardinha

Profondément inscrite dans l’héritage de son histoire sud-africaine, la compagnie Via Katlehong revient avec un nouveau spectacle aux multiples facettes, anthropologiques, inclusives, contemporaines et traditionnelles. Au rythme de danses organiques, épidermiques, épileptiques, les danseur.euses débordent d’une énergie vitale et presque monstrueuse qui dépasse la frontière de la scène, pour un résultat collectif, joyeux et jouissif.

Après l’immense succès de Via Kanana, leur collaboration avec l’artiste sud-africain Gregory Maqoma, les Via Katlehong ont souhaité confier leur prochaine création à deux talents européens de la danse : Amala Dianor (chorégraphe de la deuxième partie Emaphakathini ) et Marco Da Silva Ferreira (deuxième partie : førm Inførms). « À deux, ils écrivent une pièce brûlante, d’une énergie collective qui transporte les danseur.euses aux limites de la transe. Métissage oblige, leurs univers singuliers fusionnent à la croisée des cultures pour former un langage corporel inédit. Un nouvel « entre-deux » où se retrouver ».

La première partie du spectacle évolue sous une lumière rouge, sombre, qui installe déjà une atmosphère intense. Pour le chorégraphe portugais, førm Inførms répond à un défi personnel de « construire un récit suffisamment évocateur » pour aller à la rencontre de la compagnie. Mû par sa vision de la danse comme construction d’une identité collective, il cherche à faire du corps un outil pour exprimer la rébellion et porter la mémoire du passé. Sur scène, cette volonté se traduit par des mouvements qui se décomposent et se recomposent sans cesse. Le groupe devient presque animal, désacralisant la danse dans une forme de monstruosité (dans l’un de ces derniers spectacles, Marco Da Silva Ferreira parle de « squelettes », de « macabre »). Les corps, accompagnés par une musique puissante, expriment une véritable revendication à travers un ancrage fort dans le sol. Cette première partie est donc marquée par une danse organique et terrestre.

La suite est un « entre-deux », « Emaphakathini » en Zoulou, chorégraphié par Amala Dianor. Sa chorégraphie raconte sa rencontre avec la personnalité et l’individualité de chacun des interprètes. Il mélange les rythmes, les danses traditionnelles et la danse urbaine, pour proposer de nouveaux paysages visuels et organiques inclusifs. On retrouve donc sur scène une danse très contemporaine notamment lors de l’entracte où les danseur.euses se lancent dans des interactions joyeuses avec le public. La notion de collectif semble évidente dans la culture pantsula que défend la compagnie : c’est une revendication qui s’exprime dans la rue, donc à la rencontre des autres. La danse raconte une lutte, dans des duo/duel et des jeux de séduction qui deviennent dangers, où soudain des femmes fortes prennent le dessus sur les hommes agresseurs. Comme lors de la première partie, il y a la joie de la danse, mais il y a aussi la lutte des corps.

La compagnie, qui a reçu de nombreux prix internationaux, s’inscrit dans une identité communautaire forte : défendre la culture contestataire pantsula dont elle est issue (culture apparue dans le contexte de l’apartheid). En plus de leurs créations chorégraphiques, ils s’investissent dans une mission éducative, culturelle, sociale à l’attention des jeunes d’Afrique du Sud.

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Via Injabulo de la Compagnie Via Katlehong Dance © Pedro Sardinha

Informations pratiques

VIA INJABULO Création 2022 – Compagnie Via Katlehong Dance
Première partie førm Inførms
Deuxième partie Emaphakathini

Chorégraphie
Marco Da Silva Ferreira (førm Inførms)
et Amala Dianor (Emaphakathini)

Avec
Julia Burnhams, Katleho Lekhula, Monicca Magoro, Lungile Mahlangu,
Tshepo Mohlabane, Kgadi Motsoane, Thato Qofela et Abel Vilakazi

Musique Jonhathan Uliel Saldanha (førm Inførms) et Awir Leon (Emaphakathini)
Lumières Cárin Geada
Costumes / Stylisme Dark Dindie styling concept (førm Inførms) et Julia Burnham (Emaphakathini)
Régisseur général Alexander Farmer
Directeurs de projet Buru Mohlabane et Steven Faleni (Via Katlehong)