« VOIX », au cœur d’un groupe d’entendeurs, un autre regard sur la schizophrénie

Voix, mise en scène Gérard Watkins © Christophe Raynaud de Lage

Voix, est une plongée dans la tête des autres. Nous sommes ainsi conviés à l’écoute des voix, de ceux et de celles dits les entendeurs de voix. Nous sommes au cœur de leur intimité, voire de leur secret. Les voix, leurs voix, non pas notre voix intérieure ni la voix de la raison ou de la conscience mais bien quelque chose d’envahissant, à domestiquer et peut-être à comprendre ou faire émerger pour apaiser ces voix qui disent à ceux qui les subissent quelque chose qu’ils ne peuvent entendre. Comment entendre ce qui se dit et tenter de s’exprimer au travers de ces voix pour une autre appréhension et compréhension de ce qu’on nomme la folie en Occident ?

Le public, en nombre, s’installe dans une excitation certaine et au son doux du chant des oiseaux. La scène s’ouvre à nous : trois personnages parlent entre eux, chuchotent, nous ne les entendons pas. Le public à la recherche de la meilleure place, couvre leurs voix.

Une Voix surgit du fond de la salle. Le public est à l’écoute. La Voix ouvre la séance du groupe de paroles. Trois personnes composent ce groupe et ils sont invités à tour de rôle par la Voix à s’exprimer, un temps de parole dédié à chacun.
La voix anime le groupe et dirige la séance, du fond de la salle. Nous sommes en immersion dans le groupe. Nous découvrons Manon, Clément et Éloise, trois jeunes gens qui sont depuis longtemps perturbés par les voix, des voix qui leur parlent et leur disent des choses soit sur eux, soit sur les autres, les poussent à agir. Des voix que grâce au collectif du cercle de parole, ils savent qu’ils ne sont pas seuls concernés, que cela arrive aussi à d’autres mais aussi qu’ils peuvent être entendus. Des voix très critiques vis-à-vis des autres, des voix auxquelles il s’agit de mettre des limites pour ne pas faire du mal à autrui, des voix intransigeantes sur l’écologie pour que le monde ne disparaisse pas. Un collectif de voix se fait entendre dans un décor, une scénographie sobre, au service de la profondeur du texte. Des chaises en plastique, quelques bagages, et en fond de scène un mur, un mur délabré, qui quand on le regarde, fait penser à un planisphère. Un mur toutefois avec une porte et un volet déroulant. En effet, ces voix concernent beaucoup de personnes dans le monde et ces voix ne disent-elles pas quelque chose de la place de l’humain dans le monde actuel. Sur cette scène, l’humain est au centre.
Surgit, sous l’effet de la porte qui s’éclaire, une ombre. C’est une femme d’un certain âge, qui a entendu parler par un ami de ce groupe de paroles et souhaitait y venir, mais elle arrive en retard et demande si elle peut entrer car la séance à commencer. Elle est venue car sur le prospectus était indiqué : mais qu’est-ce qui leur est arrivé, est-ce que quelqu’un leur a demandé à ces entendeurs de voix, ce qui leur est arrivé ?
Du groupe nous passons à l’individuel avec Véronique, que la Voix va guider vers l’émergence de la narration de son histoire et de ses voix. Comment sont apparues les voix qu’elle entend, que disent-elles ?
Le soutien du collectif et du public pour oser affronter le réel.

Une mise en scène originale avec cette voix qui donne la parole aux voix et nous inclut en tant que spectateur dans le groupe et dans la tête de ces entendeurs de voix. On a des voix plein la tête. Une voix qui fait progresser l’intrigue de ce personnage central qu’est Véronique pour appréhender ce processus du surgissement des voix.

Un texte puissant, une proposition de considérer sous un autre angle ce phénomène. Un angle de vue riche, inédit, passionnant, qui saisit et ne laisse pas insensible.

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Voix, mise en scène Gérard Watkins © Christophe Raynaud de Lage

Informations pratiques

VOIX – Compagnie Perdita Ensemble
Création au théâtre des Îlets – CDN de Montluçon, les 26 et 27 avril 2023 (coproducteur)

Auteur
Gérard Watkins

Mise en scène
Gérard Watkins

Avec
Valérie Dréville, Lucie Epicureo, Malo Martin, Marie Razafindrakoto, Gérard Watkins
Scénographie François Gauthier-Lafaye assisté de Clément Vriet
Costumes Ann Williams
Piano Camille Prenant
Collaboration artistique Lola Roy
Lumières Anne Vaglio
Travail vocal Jeanne-Sarah Deledicq
Construction décor Atelier de la Comédie de Saint-Étienne
Régie générale Nicolas Guellier, François Gauthier-Lafaye
Régie plateau Clément Vriet
Régie son François Vatin

Dates
Du 5 au 21 mai 2023 au théâtre de la Tempête à la Cartoucherie de Vincennes

Durée
105 mn

Adresse
Théâtre de la Tempête
Cartoucherie
75012 Paris

Informations complémentaires

Théâtre de la Tempête
www.la-tempete.fr

Compagnie Perdita Ensemble
www.perdita-ensemble.com