« MON ABSENTE », Les derniers adieux suivi de « JE TE RÉPONDS », Paroles de condamnés de Pascal Rambert

Mon absente suivi de Je te réponds de Pascal Rambert aux éditions Solitaires Intempestifs
Mon absente se jouera du mardi 28 Mars au jeudi 6 Avril 2023 Salle Koltès à Strasbourg, durée : 2h

Pascal Rambert, comédien, metteur en scène, écrivain de théâtre continue sa quête du réel de l’être, de lui donner corps et voix.

Deux textes écrits grâce au procédé cher à Pascal Rambert de mélanger les formes d’écriture aux procédés dramaturgiques pour tenter d’appréhender par la langue orale le cœur du sujet, des sujets. Le premier texte porte sur l’absence qu’est la mort et le second donne la parole à des invisibles, les condamnés à de longues peines de prison.

Ainsi, le premier texte Mon absente, né d’une commande pour les acteurs et actrices du Théâtre National de Strasbourg, suite au décès de l’actrice Véronique Norday en 2017, s’est transformé pour se porter sur la figure fictionnelle de l’absente, confrontant le spectateur à une situation que tout un chacun vivra : le décès, la mort de sa propre mère. Nous sommes plongés au cœur d’un spectacle, celui du recueillement d’une famille pour le dernier au revoir. Ce spectacle devant lequel nous sommes en ouvre un second, celui des traces de l’absente en chacun des membres de la famille venus se recueillir et qui vont nous dévoiler et nous livrer les figures enfouies de cette image maternelle, ancrée en chacun d’eux. Image maternelle qui constitue notre être, notre enfance et détermine nos chemins de vie.

Ouverture : noir absolu Le cercueil est au centre. Il repose sur un tapis de fleurs et des fleurs entourent le cercueil. Le recueillement est organisé pour que les enfants de la défunte ne se croisent pas. Le premier né, « vieille canaille », ainsi dénommé par sa mère en raison de sa ressemblance au père, entre en scène. Il nous livre son monologue, adressé à sa mère. Il fait état d’aucune compassion. Sa vie est un échec.
Le second né, dénommé « petit sensible » auteur du titre de l’ouvrage, est écrivain, comme sa mère. Il a été ballotté entre la France et l’Afrique.
Des dialogues s’ensuivent entre un fils et la belle-mère et sa fille et le troisième né apparaît, dénommé « le glacial » car il est rigide et il faut que tout corresponde à ce qu’il veut ou pense. Il s’en prend ouvertement à sa fille venue avec sa compagne qu’il ne connaît pas et dont il estime qu’elle n’a pas sa place dans ce moment d’intimité familiale.
Puis c’est au tour du fils, dit « l’affectueux », de la fille qui s’est occupée de sa mère dans ses derniers jours, dans la solitude de sa famille et qui, elle, entend les chants des oiseaux. Enfin, c’est au tour du dernier né dit « l’aimé » de parler à la défunte. Sa famille lui en veut de s’être éloigné de leur mère.

Ces monologues, intérieurs et les dialogues au cours desquels on ne sait plus exactement qui parle, les paroles des uns poursuivant celle d’un autre, s’enchaînent dans une continuité, sans que l’on sache qui parle. Ce qui a un effet de déversoir sans fin, une plainte continue qui nous livre au travers des monologues et dialogues, les pièces du puzzle de cette famille réunie autour du cercueil mais décomposée et se dresse peu à peu la figure de cette pièce maîtresse de leur vie, celle de leur figure maternelle : leur mère.

Une pièce comme un contrepied aux recommandations sociales. Le recueillement n’est pas forcément le moment de témoigner tout son amour ou de ne dire que du bien de la personne défunte. Ainsi confronté à la mort, notre être s’exprime malgré nous, faisant ressortir ce qui du vivant de la personne n’a pas été dit, entendu.
Le système énonciatif de ce premier texte sans ponctuation, rejoint la langue orale et le système utilisé par Patrick Kermann, dramaturge contemporain français, pour donner corps aux morts ainsi réanimés. Ce système, dans le texte de Pascal Rambert, répond à la difficulté d’être des enfants de cette absente et dénote par cette force de l’oralisation de la toute-puissance de cette mère défunte.

Je te réponds au Centre Pénitentiaire Sud-Francilien de Réau (77), du 2 mai 2022 au 17 février 2023. Restitution donnée aux Théâtre des Bouffes du Nord le 17 février à 19h. (cf critique Théâtre Actu Je te réponds)
Projet né du souhait de donner la parole à des condamnés à de longues peines. Six personnes de 30 à 60 ans se sont entretenues sur deux années avec Pascal Rambert et Lou Rambert Preiss et ce texte est issu d’un processus d’écriture collectif. Comment le temps est vécu en prison ? « Ce temps qui ne s’arrête jamais », « un temps d’attente ». Ils parlent de l’acte qui les a conduit en prison qui est toujours présent en tête, de la première permission, de la question du bruit en prison, bien plus que le bruit de la prison, le brouhaha intérieur incessant et de ce qui les maintient vivants en prison.

Informations pratiques

Auteur(s)
Pascal Rambert

Prix
15 euros

Éditions Les Solitaires Intempestifs
www.solitairesintempestifs.com