« Les Parisiens », Olivier Py, aux Éditions Actes Sud

Article de Pierre-Alexandre Culo

Si Paris brûle, les Parisiens en tiendront la flamme.

Olivier Py tisse un ciel parisien où les faunes et reines de la nuit, les êtres hagards en quête de plaisirs et d’absolus, les Partisanes d’un mouvement vibrant de « putitude », en sont les étoiles incandescentes. Comme Pénélope, l’auteur construit et détruit son monde dans un bal incendiaire qui fait vibrer les profondeurs de ce petit monde parisien.

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Olivier Py écrit un roman du XIXe siècle dans le cœur emphatique d’un Paris du XXIe siècle. Aurélien, jeune homme en quête frénétique de réussite sociale, se lance à la conquête de la capitale. Figure incendiaire et tentatrice, le faune endiablé érotise le Tout-Paris pour atteindre ses idéaux de réussite théâtrales et lyriques. L’épopée sociale de ce jeune homme fait défiler les communautés révolutionnaires et féministes des Travailleuses du sexe, complots d’ego et de pouvoir des politiques culturelles, artistes désespérés ou en quête d’Absolu. Dans ce défilé de créatures émerge la figure de Lucas, négatif photographique de notre hédoniste, poète en recherche de Vérité, en rupture avec un monde qu’il exècre. « L’immense cratère d’ennui a dévoré tous les espoirs, a enseveli toutes les jeunesses, a enténébré tous les destins. Et sur les toits, on voit de gigantesques proverbes enflammés qui ne proclament plus rien ». Corps doubles en fusion, ces deux figures opposées s’embrassent et se baisent en format poreux de Ying et de Yang. Jeunesse hybride rassemblant les deux parts de la jeunesse de l’auteur dans un résultat émouvant où seul persiste la volonté vitale d’être au monde.

Comme le Paris qu’il dépeint, Olivier Py ne circule qu’entre les extrêmes. Entre la Beauté parfois mystique et l’immondice de ces rues, de ce monde sordide fait de backrooms labyrinthiques, l’auteur déploie une nouvelle fois une écriture de l’excès, hautement baroque et métaphysique. L’auteur convoque un condensé de ses thèmes favoris: la religion, le mysticisme, le sexe et le mort. Parfois pompeuse mais surtout décadente, l’écriture de l’homme de théâtre insuffle à ce roman l’énergie et la fougue de l’écriture dramatique. Le défilé de personnages, apparaissant et de se volatilisant au fur et à mesure de ces courts chapitres, donne une dynamique enivrante, scande le pouls organique de cette ville qui nourrit les fantasmes et désirs de ce petit peuple insatiable.

 

 

Les Parisiens

Olivier Py

 

Aux Editions Actes-Sud

18 rue Séguier

75006 Paris.

www.actes-sud.fr